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Presse et médias

DÉPÔT D’UNE PLAINTE POUR DIFFAMATION PUBLIQUE CONTRE LE REPRÉSENTANT PERMANENT DE LA TURQUIE AU CONSEIL DE L’EUROPE

par 30 janvier 2020décembre 14th, 2020Aucun commentaire

Le journaliste turc Can Dündar, représenté par Benoit Huet du cabinet Avrillon Huet, a déposé aujourd’hui, une plainte en diffamation publique auprès du au Tribunal judiciaire de Strasbourg, à la suite de propos diffamatoires tenus à son encontre par le représentant permanent de la Turquie au Conseil de l’Europe lors du Forum mondial de la démocratie du 7 novembre dernier.

A l’occasion d’une table ronde organisée dans le cadre de ce forum et consacrée à la sécurité des journalistes, le représentant permanent de la Turquie au Conseil de l’Europe, Kaan Esener, a pris la parole pour dénoncer la participation de Can Dündar en formulant (en anglais) des accusations diffamatoires à son endroit : “Je suis le représentant permanent de la Turquie au Conseil de l’Europe. Je tiens à faire une remarque au sujet de la participation d’un criminel en tant qu’intervenant ici-même, et je me dois de protester. Can Dündar est un fugitif recherché par la justice, accusé d’avoir obtenu des secrets d’Etat et de les avoir divulgués sur les ordres du dirigeant d’une secte, et ce dans le but de porter atteinte aux intérêts de la nation turque et de l’Etat turc.”

Face à la virulence de ces accusations mensongères, Can Dündar a déposé le 30 janvier, avec le soutien de Reporter Sans Frontières et du cabinet Avrillon Huet, une plainte avec constitution de partie civile pour diffamation publique auprès du Doyen des Juges d’instruction du Tribunal Judiciaire de Strasbourg.

Can Dündar est un journaliste et documentariste turc qui a notamment été, entre 2013 et 2016, le directeur de la rédaction du célèbre quotidien turc laïc et progressiste Cumhuriyet (« La République »).

Il est une figure du journalisme indépendant en Turquie et a été le lauréat en 2015 du Prix Reporter Sans Frontières pour la liberté de la presse. Qualifié de « bête noire du régime turc », Monsieur Can Dündar fait l’objet, depuis plusieurs années, de menaces et de pressions de la part de pouvoir exécutif turc.

A la suite de la publication le 25 mai 2015 d’une enquête de Can Dündar sur la livraison illégale d’armes par les services de renseignement turc (MIT) aux groupes d’islamistes radicaux en Syrie, le Président ERDOGAN l’a pris à partie publiquement déclarant qu’il lui « ferait payer cher ».

Des poursuites judiciaires ont été engagées contre Can Dündar notamment pour « obtention et divulgation de secrets d’État », « tentative de renversement du gouvernement » et « espionnage ». Can Dündar a été arrêté le 27 novembre 2015, puis emprisonné pendant trois mois dans le cadre de l’enquête.

Le 6 mai 2016, à la sortie de l’audience de jugement, il a échappé de justesse à une tentative de meurtre devant le palais de justice d’Istanbul, un agresseur ayant essayé de l’abattre avec une arme à feu.

A la suite de ces événements, Can Dündar s’est vu contraint de quitter son pays pour vivre en Allemagne, d’où il a notamment co-réalisé un documentaire intitulé « Can Dündar – Adieu à la Turquie » sur les intellectuels contraints à l’exil par le pouvoir turc.

Can Dündar n’a fait qu’exercer son métier, celui d’informer, a déclaré  Benoît Huet. Ses articles apportent une contribution déterminante au débat public relatif à une question d’intérêt général, à savoir la politique extérieure du gouvernement turc”.

Christophe Deloire, secrétaire général de Reporter Sans Frontières a pour sa part déclaré “Qualifier Can Dündar de criminel est clairement diffamatoireComment peut-on qualifier de criminel un journaliste de talent, qui fait honneur à son pays, et s’est contenté d’exercer sa liberté au nom d’un idéal de vérité ? Ces propos sont même attentatoires à sa présomption d’innocence au regard de la justice turque, pourtant habituée à incarcérer les journalistes. Le journaliste n’a jamais fait l’objet d’une condamnation définitive par la justice de son pays. De telles allégations constituent une tentative inacceptable d’intimider un reporter en exil et de l’empêcher de s’exprimer dans une enceinte internationale. » 

Voir le communiqué de presse de Reporters Sans Frontières et la plainte pour diffamation publique

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